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                 Mr et Mme







                 GORGÔ







































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                                                                                 92 x 73

           Mr et Mme GORGÔ est la signature commune de deux    mis en perspective par le peintre, nous entraîne dans
           artistes  d’exception,  Michel Gouteux  et  Bénédicte   un  voyage  initiatique  fascinant  et  provocateur, à  la
           Devillers, dont la rencontre fortuite lors d’une expo-  rencontre  d’êtres hybrides  mi-hommes  mi-bêtes  is-
           sition est à l’origine d’un œuvre symbiotique  parti-  sus  de  l’iconographie  grecque  antique.  La  composi-
           culièrement original, alliant l’imaginaire conceptuel   tion est très étudiée, le graphisme précis, la touche
           de  l’un au  travail  pictural talentueux  de  l’autre.   minutieuse,  la palette  brillante  avec  ses couleurs
           GORGÔ retranscrit les archétypes universels dans une   vives  magnifiées  par  le  rouge.  La  magie  des  décors
           iconographie  foisonnante  d’ingéniosité,  destinée  à   pittoresques  amplifie  l’impact  de  la  mise  en  scène
           traduire les rêves et les angoisses du genre humain.   des  personnages  en  situation.  GORGÔ semble  faire
           Énigmatiques, les toiles illustrent une mythologie per-  un écho lointain à l’Expressionnisme de Die Brücke et
           sonnelle.  Elles plaisent,  bousculent  ou dérangent...   à la Nouvelle Objectivité au début du XXème siècle,
           mais ne laissent jamais indifférents. Elles opèrent un   dénonciateurs en leur temps de la perversion d’une
           effet-miroir  savant  par  leurs  sujets  qui  interpellent   société dégénérée en mal de nouvelles valeurs. Tout
           sans pudeur  et  invitent  au « voyeurisme » en  nous   en  cherchant  à donner  du sens  à cette  exploration
           faisant  pénétrer  dans  un  monde  intimiste,  à  la  fois     de l’âme humaine, tant dans sa beauté que dans sa
           inaccessible  et  objet  de  questionnement.  Cet  uni-  noirceur, Gorgô n’omet jamais de mêler une certaine
           vers fantasmagorique, enfanté depuis les profondeurs   dérision de l’être, visant à communiquer «une légère-
           de  l’inconscient  de  son concepteur  et  savamment  té de l’existence».
                                                                     Francine BUNEL-MALRAS, Historienne de l’Art
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