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Jean-Yves

BOCHER

48 T
90 x 146

Dans les toiles de Jean-Yves BOCHER, le regard de grises et incertaines. Des épaississements colorés cô-
l’observateur s’enferre d’abord dans le labyrinthe des toient des transparences. Le geste, parfois dur et plein
coups de pinceaux, entraîné dans l’immensité et la de tempérament et la dynamique expressive dans la
profondeur de la toile, pour être finalement capturé peinture de BOCHER évoquent, d’une part, le principe
par le voile de brume de celle-ci. Les petits et grands « all over » de l’expressionnisme abstrait d’inspira-
formats, issus de techniques mixtes, allient la légèreté tion américaine ; d’autre part, les préférences pour
et la transparence des aquarelles, au blanc gris de la une composition équilibrée sur fond préexistant et on
gouache et intègrent des lignes de craie aux hachures pense à l’École de Paris. Mais en fait, c’est un dia-
des couches opales de l’acrylique avec des nuages logue avec soi-même que mène le peintre, entre le
de poudre de pigments. Les notes composées d’élé- conscient et l’inconscient. S’ajoute une oscillation
ments graphiques et picturaux, appliquées sur la toile créatrice permanente, entre les extrêmes que sont
d’un geste de pinceau large et spontané, évoquent le ordre et chaos. Ainsi, le processus créatif sert-il avec
brut, l’inachevé, mais aussi des émotions éphémères. une grande force expressive à visualiser la figuration
Cette structure rythmique couleur-forme exprime da- de l’informe. L’idée de transgression répétée se subs-
vantage des pressentiments que des certitudes et fait titue à l’imagination rationnelle et aux structures
apparaître par endroits des références spatiales et fi- statiques. Cette ambivalence entre présence maté-
guratives. Ce qui crée surtout un effet plastique dans rielle et transcendance spirituelle apporte un attrait
l’espace, c’est cette juxtaposition soudaine d’une supplémentaire à la peinture de Jean-Yves BOCHER.
peinture statique et dynamique, ainsi que le jeu des Ses œuvres expriment la pesanteur et la légèreté de
formes droites et dures, douces et courbes. Parfois, on l’être et, où peut-on mieux faire cette expérience,
s’aperçoit de fulgurances figuratives avant que la mise sinon en Bretagne, région lisière entre terre et mer,
en scène ne s’évanouisse à nouveau dans des brumes ciel et terre, tradition et modernité.
Reinhard STRÜBER, Historien allemand